Nos mains se font racine, l’une dans l’autre. Elles
s’attachent, s’entremêlent.
Tu ne me lâcheras jamais. Ton lierre parcourt mon
corps, il s’étend, conquiert.
Je me perds
dans tes herbes hautes. Elles agrippent mes chevilles, coupent mes genoux. Tes
yeux, soleils sournois, m’étouffent. Il ne fera jamais nuit, dis-moi?
Ton amour caniculaire déchire ma peau. Je voudrais
courir mais je n’y arrive pas.
Ta chaleur m’écrase, j’en deviens aride. Que serais-je
sans toi?
Tu attrapes toutes les gouttes que le ciel échappe.
Je lèche ta peau, ne m’abreuve que de toi.
Je ne tiens plus debout, m’effrite du bout des doigts
et tu m’enveloppes,
m’attaches dans tes bras.
Je ferme les yeux,
tu me dis que tu m’aimes. Je retiens mon souffle
ne
réponds pas.
Une mince brise s’infiltre, glisse sur mes paupières.
Le tonnerre gronde au loin, il m’appelle, me ramène à
moi.
Il court vers nous et mon corps bat au rythme de ses
pas.
J’ouvre les yeux, le vent éteint ta chaleur, disperse
nos atomes.
Tu me déposes au sol et l’automne te prend. Tu arques
ton corps vers l’arrière et enfin
la pluie court sur moi.
Tes cris se perdent entre les éclairs qui m’indiquent
un nouveau chemin.
Je me gorge de déluges, de tempêtes. Je revêts mes
forêts obscures, mes constellations.
Je n’ai pas besoin de ton soleil éternel. Je détache
mes chevilles, mes hanches et ma tête.
La nuit m’accueille, je scintille en elle.
Tu peux garder tes
mains mourantes d’automne. Je ne m’éteins pas avec toi.
Samanta Goulet