peau d'aqueduc

Réunis et désemparés 
telles ces balançoires à la fermeture d’une école primaire 
  
demain nous sortirons                                             des boîtes à bijoux de la ville 
les forêts tropicales 
          violées par d’ultimes espaces 
nous sortirons au terminus des os 
des films mouillés à l’affiche dans ta bouche  
les immeubles traversent bêtement 
ta peau d’aqueduc 
  
nous quitterons le démembrement des autobus 
les drapeaux entortillés 
comme s’ils avaient peur 
  
la ville hoquette gémit                                                                   goélands et dieux et hommes aux genoux de grues cessez 
de 
pi 
   co     rer 
    nos usines hôtels restos 
d’arracher leur toit aux yeux fatigués 
d’avoir trop bu l’alcool des foules 
les maisons en surpoids     les voitures 
qui ont froid après la pluie 
  
retrouvons les ballons d’hélium 
quelque part dans tes veines 
après être sortis 
reconstruire 
le bégaiement d’anciens paysages  
mais partout 
jusque sous tes ongles désertés  
le silence nu des autoroutes


Laurence Bertrand