Tu t’étires au centre de la chambre. Je me dévêtis. Tu me souris en coin. Ma main coule le long de ton dos. Ta peau sur la mienne. Sur le lit, je la tanne. Je te rejoins au bout de tes lèvres. Le salé de ton cou hérisse mon goût. Je t’étire par ma langue. Tu vibres. Si fort, tu veux que je te bouscules de l’intérieur avec mes mains. Sans façon. Ce soir, je veux que tu me hisses le long de tes doigts. Toi dans moi. Borde-moi de tout ton poids. Fort, aussi fort que la première fois. Oui, fonds-toi tout au creux de ma peau, ma belle darling. Exporte ma tête à revoir l’échange de nos cœurs. Encore une fois.
Tes cheveux zigzaguent sur mon ventre chatouillé d’émotions. Ma main les trappe ferme, les tord et les tire un peu, soulevant ta face. J’oblige tes yeux chlorés d’absorber les miens gorgés de sourire.
— Cinq ans.
— De?
— Toi et moi. Ça fait cinq ans déjà pis mes amis comprennent toujours pas.
— Pourquoi?
— Parce qu’y trouvent qu’on est trop jeunes, trop belles pour se priver du reste de la terre fraîche. Mais y nous regardent tout croche. Toi et moi. On part à l’aventure sans rendre de compte à personne. Parce qu’on s’a. C’est pas compliqué. Mais y l’voient pas.
Tu roules ton bassin tout droit sur le mien.
— T’es belle quand t’es nostalgique.
Tes joues toutes humides s’étampent sur les miennes.
— Tes bras autour de moi, tes seins collés aux miens, ma bouche sur ton cou… Pourquoi j’aurais envie d’aller voir ailleurs?
Tu brosses mon corps de baisers. Chacun de mes pores s’extasie. Tu t’enlises entre mes cuisses pour me regarder bestiale. Je me languis. Tu t’en réjouies.
Ta tête, je l’encastre à même ma vulve. La surprise éclatée dans ton iris laisse mon geste en suspens. Pourtant. Tu restes. L’instant de t’approprier par ta langue tout mon corps. Je me laisse pétrir ta peau de mes ongles, étirer ta tignasse à chacun de mes grognements. Tu t’enfonces encore plus loin désireuse de me voir flancher à tes charmes. Tu cherches à reprendre ta place sur ma face. Je ne suis pas si docile. Tu le sais. T’en frissonnes. L’excitation coule sur tes cuisses comme une pluie au printemps. Tes mains se font libres et agiles. Me tordent les seins jusqu’à me plier. Mordent l’intérieur de mes cuisses
Je te cède ma personne entière. J’en veux plus.
Tu te lèves, descends du lit.
— Tu t’en vas?
Tu me souris.
— Attends, tu vas voir.
Les deux mains dans le tiroir, tu en sors un rouleau noir.
— Mets-toi sur le ventre, les mains dans le dos.
J’te vois venir. T’agace en ne bougeant pas.
— Allez, allez, sur le dos!
— À quel point tu m’veux sur le dos?
Ton sourire transpire ton intention chasseresse.
Tu m’empoignes et me fixe au matelas. Me tiens la gorge. Me couds la bouche et les pieds avec le ruban noir. Saisie par les hanches, je me cambre. Sous ton poids, tu esquisses ma rondeur, mes cuisses. Tu me retournes avec une délicatesse que je sais prémisse de ton ardeur. Une claque sur ma fesse. J’ondule sous le choc de l’excitation. Une seconde plus forte. Je me colle sur tes hanches. Tu m’éloignes en glissant tes doigts amoureux entre mes lèvres velues. J’en fonds. Une troisième qui frôle ma limite du supportable. Tu me redonnes ma bouche pour laisser les humides gémissements s’échapper. Plus fort. Tes doigts fusent en moi. Inédits et multiples. Rythment ma respiration. Mon corps tout entier se saccade sous ton désir. Le sens-tu? À quel point je me contracte autour de toi? Le sais-tu à quel point que j’aime que tu me — Wow.
Dégonflés de leur ardeur, nos corps ne savent plus leur forme. Les draps se contorsionnent sur nos jambes molles. L’air s’enlise autour de notre cocon. Toi et moi sommes figées dans notre pot de cheez whiz. Prêtes à se toaster encore.
Madeleine Drolet-Valiquette